Le chien a soudainement couru jusqu’à l’hôpital. L’infirmière a fondu en larmes en découvrant pourquoi.

Ce matin-là, l’hôpital Saint-René était calme. Les couloirs sentaient le désinfectant, les pas étaient feutrés, et les visages fatigués. Rien ne laissait présager ce qui allait se passer. Jusqu’à ce que les portes automatiques s’ouvrent brusquement, non pas pour un brancard ou une urgence… mais pour un chien.

Un labrador couleur sable, haletant, les pattes sales de boue et les yeux affolés. Il courait sans hésiter, comme s’il connaissait les lieux. Les agents de sécurité tentèrent de l’arrêter, mais il esquiva chaque main tendue, chaque obstacle. Il fila à travers les couloirs comme guidé par un fil invisible.

C’est au deuxième étage qu’il s’arrêta brusquement, devant la chambre 212. Il gratta la porte, aboya une seule fois — un son grave, chargé d’urgence. Et c’est là qu’Aline, infirmière depuis vingt ans, le vit. Elle pâlit. Ses yeux se remplirent instantanément de larmes.

« C’est Oslo… », murmura-t-elle, incapable d’en dire plus.

La chambre 212 était celle de son père, admis en soins palliatifs depuis deux semaines. Ce chien, elle le connaissait. C’était le compagnon fidèle de son père, qu’elle avait confié à un voisin après l’hospitalisation. Jamais il ne s’était séparé de son maître. Et voilà qu’il était là, seul, venu de plusieurs kilomètres, comme s’il avait senti que le moment était venu.

Quand Aline ouvrit la porte, le chien entra doucement, sans bruit. Il sauta sur le lit, posa sa tête contre la poitrine de l’homme endormi. Un souffle, un frisson. Puis le silence.

Son père venait de partir.

Oslo n’avait pas dit adieu. Il était venu l’accompagner.

Et dans cet instant suspendu, personne ne put retenir ses larmes. Car ce que la médecine ne pouvait expliquer, l’amour silencieux d’un animal venait de le prouver.