Pendant des années, Claire pensait tout savoir sur son mari.
Éric était attentionné, discret, et parfois un peu silencieux, mais elle avait mis ça sur le compte de la fatigue ou de sa nature réservée. Ils vivaient dans une maison ancienne, héritée de la famille d’Éric, en périphérie de Bordeaux. Une bâtisse aux volets usés, au grenier poussiéreux… et aux pièces qu’elle n’avait jamais visitées.
Jusqu’à ce jour.

Tout a commencé par un courant d’air froid, un soir d’automne. Claire était seule à la maison, Éric étant parti pour un séminaire de deux jours. En passant devant l’escalier du sous-sol, elle remarqua que la porte n’était pas tout à fait fermée. Étrange. Éric l’avait toujours maintenue verrouillée, prétendant que le sous-sol était instable et dangereux.
Mais ce soir-là, poussée par une curiosité mêlée d’anxiété, Claire descendit lentement les marches grinçantes. Il y avait une odeur — pas tout à fait de moisissure, mais plutôt de quelque chose… de vivant.
Elle trouva une vieille porte en bois au fond du couloir, dissimulée derrière une étagère branlante. Derrière cette porte, une pièce. Une chambre. Avec un lit, des dessins d’enfants collés au mur… et des bruits de pas.
Claire faillit s’évanouir.
Dans la pénombre se tenait une adolescente, frêle, aux yeux grands ouverts.
— « Tu es Claire ? » demanda-t-elle d’une voix calme.
Claire recula, incapable de formuler un mot. L’adolescente poursuivit :
— « Je m’appelle Louise. Je suis la fille d’Éric. Il m’a cachée ici depuis toujours. »
Le monde de Claire s’écroula en un instant.
Une fille cachée. Une double vie. Et un mensonge silencieux entretenu pendant quinze ans.
Quand Éric rentra, il trouva Claire dans le salon, immobile.
La porte du sous-sol était grande ouverte.