Ils étaient venus pour l’aventure.
Une poignée de touristes, venus des quatre coins du monde, s’étaient inscrits pour vivre une expérience inoubliable : une traversée spectaculaire d’un pont suspendu en verre au-dessus du canyon de Roc Vert, dans une région sauvage et peu fréquentée du sud du Pérou.

Le programme promettait de l’adrénaline, des vues à couper le souffle et une sécurité « conforme aux normes internationales ». Les images promotionnelles montraient des couples souriants au-dessus du vide, des influenceurs faisant des selfies les pieds dans le vide, et des guides rassurants parlant plusieurs langues. Rien ne laissait présager le cauchemar qui allait suivre.

Le matin du drame, le groupe — 12 touristes et 2 guides locaux — s’était mis en route à 7h. Il fallait marcher une bonne heure pour atteindre le canyon, puis s’équiper de harnais pour accéder au fameux Skybridge de Cristal, une passerelle en verre tendue à plus de 200 mètres au-dessus du vide.

Mais à 8h52, alors que le groupe se trouvait à mi-chemin du pont… un grondement sourd a retenti.
Certains pensaient d’abord à un éboulement lointain, courant dans cette région montagneuse. Mais très vite, le sol sous leurs pieds s’est mis à vibrer.

Puis, sans avertissement, une large fissure s’est ouverte au niveau de l’un des ancrages du pont. Le câble gauche a cédé en premier, provoquant un effet domino. Le pont a basculé sur le côté, entraînant plusieurs personnes avec lui.

Trois touristes ont été précipités dans le vide.

Par miracle, deux d’entre eux, attachés correctement à la ligne de vie, ont été suspendus dans le vide, hurlant, les jambes battant dans le vent. Le troisième, un jeune homme australien de 27 ans, n’avait pas attaché son harnais. Il a chuté, heurtant une paroi rocheuse avant d’atterrir 40 mètres plus bas, sur un replat étroit. Contusionné mais vivant, il sera hélitreuillé deux heures plus tard.

Les guides ont immédiatement déclenché l’alerte. Les secours, bloqués par la difficulté d’accès au canyon, ont mis du temps à intervenir. Pendant près de 45 minutes, les survivants sont restés suspendus dans le vide, les pieds sur des fragments de verre brisé, le vent s’engouffrant dans le canyon comme un cri.

Plus tard, une enquête révèlera que les pluies des jours précédents avaient fragilisé la roche soutenant le câble d’ancrage. Un micro glissement de terrain avait modifié la stabilité de la paroi — un risque non identifié, et jamais communiqué aux organisateurs.

Les touristes ont été rapatriés, certains en état de choc. Le site a été fermé indéfiniment, et une procédure judiciaire a été ouverte contre la société d’aventure organisatrice.

Mais pour les témoins de la scène, une chose est certaine :
la ligne entre frisson et tragédie est parfois aussi fine… qu’une plaque de verre suspendue au-dessus du vide.