La nuit tombait lentement sur la forêt, enveloppant les arbres dans une brume froide et silencieuse. Le bruissement des feuilles s’était tu, comme si la nature elle-même retenait son souffle. Attachée à un vieux chêne au cœur de la clairière, Élise tremblait. Ses poignets saignaient sous la corde rugueuse, son regard fixait l’obscurité avec une peur presque animale.

Il ne s’était même pas retourné. Après l’avoir attachée, il avait murmuré un mot qu’elle n’avait pas compris — ou qu’elle ne voulait pas entendre — puis il avait disparu dans les bois, laissant derrière lui l’écho de ses pas et l’odeur de trahison.

Elle attendait la fin. Peut-être un ours, un lynx, ou simplement le froid. Mais ce fut un loup.

D’abord, elle n’osa pas croire ce qu’elle voyait : deux yeux jaunes dans les fourrés. Puis une silhouette grise, souple, majestueuse. Le loup s’approcha lentement, la tête basse, comme s’il la jaugeait… ou la reconnaissait. Il tourna autour d’elle sans bruit, puis, contre toute logique, il s’assit devant elle. Immobile. Présent.

Le temps passa. Le froid devenait insupportable. Elle perdit connaissance un instant… puis sentit quelque chose de chaud contre sa joue. Le loup. Il s’était approché, sa truffe touchant sa peau. Et soudain, il mordit. Pas elle — la corde.

Morsure après morsure, il déchira les liens avec une patience presque humaine. Une fois libérée, Élise tomba à genoux. Le loup ne bougea pas. Puis il fit demi-tour et, lentement, s’éloigna dans les bois. Elle le suivit. Instinctivement.

Deux jours plus tard, un garde forestier la retrouva près d’un sentier. Fatiguée, amaigrie, mais vivante. Et elle raconta. L’homme rit d’abord. Mais lorsqu’il retourna sur les lieux, il trouva les cordes, déchiquetées. Et des empreintes. Celles d’un loup. Seules.

Personne ne sut expliquer pourquoi cet animal l’avait sauvée. Mais une chose était certaine : ce n’était pas un loup ordinaire. Et ce qui s’était passé dans cette forêt défiait toute logique.